L’île de la Guadeloupe tient évidemment sa réputation de ses nombreuses plages idylliques et de ses paysages verdoyants à couper le souffle, mais elle est tout aussi connue des fins connaisseurs de rhum. Située au cœur des îles caraïbes, elle fait partie de ces magnifiques destinations où la culture de la canne à sucre est ancrée depuis des siècles. Et qui dit canne à sucre, dit rhum !
Je vous propose aujourd’hui de visiter la distillerie de rhum agricole de la prestigieuse Maison Montebello, récompensée à plusieurs reprises par des médailles d’or, notamment au Concours Général Agricole de Paris.
Les Rhums Montebello : une distillerie de père en fils
La distillerie Montebello fait partie du paysage guadeloupéen depuis plus de 90 ans. Créée en 1930 par la famille Dolomie, il s’agit d’une des distilleries les plus artisanales de Guadeloupe. À sa création, elle portait le nom « Carrère » en lien avec sa proximité avec le hameau du même nom. Par la suite, elle a été dans les mains de la famille Pioche avant d’être rachetée en 1966 par Jean Marsolle et son fils Alain.
En 1975, après sept années de production, la distillerie « Carrère » affirme son autorité sous une nouvelle appellation : « Rhums Montbello ».
Depuis 2012, ce sont Grégory et Dominique, les fils d’Alain, qui sont aux commandes de cette distillerie. Cette quatrième génération compte bien perpétuer la fabrication artisanale des Rhums Montebello dont la renommée internationale est à présent bien assise.
Distillerie Montebello : une fabrication artisanale de A à Z
La distillerie Montebello se distingue par sa fabrication traditionnelle qui se veut artisanale à 100 %. Mais savez-vous comment se créer un rhum agricole ?
Un procédé traditionnel pour un rhum d’exception
Tout commence par la matière première. La canne à sucre employée provient exclusivement de petites propriétés disséminées autour de la distillerie. Cultivée en plein terroir volcanique de la Soufrière, elle bénéficie d’un environnement exceptionnel, tout en préservant le savoir-faire et le patrimoine culturel des coupeurs de cannes.
Trois variétés de canne à sucre sont employées et savamment dosées pour la fabrication des Rhums Montebello :
- la canne verte : la plus utilisée pour sa très bonne rentabilité. Bien que peu sucrée, elle offre un bon volume ;
- la canne rouge : son taux de sucre est plus important, mais elle est moins rentable, d’où une utilisation moins importante ;
- la canne jaune : son taux de sucre est beaucoup plus élevé, mais son manque de rentabilité fait qu’elle est plus rarement employée.
Près de 90 % de ces cannes à sucre sont coupées à la main. Si ce procédé est plus long et plus onéreux, il garantit au final un produit de meilleure qualité en protégeant les cannes coupées d’une sèche trop rapide ou d’une fermentation précoce.
Les cannes coupées sont ensuite passées dans un broyeur qui achemine la matière décomposée dans deux moulins de pressage successifs, ce qui est assez rare. En effet, les fabricants effectuent souvent des « repasses » dans 6 à 7 moulins, obtenant alors un produit de base de qualité inférieure.
Une fois extrait, le pur jus, ou vézou, tombe dans une fosse, puis il est remonté dans un système de filtration avant d’être envoyé dans de grandes cuves de fermentation. Celle-ci dure entre 48 à 72 heures, ce qui est assez long. En effet, la plupart des distilleries, pour des raisons économiques, réduisent ce temps entre 24 à 36 heures maximum. La distillerie Montebello a fait le choix d’une fermentation plus longue pour laisser les arômes se développer à souhait.
Vient enfin la phase cruciale, celle de la distillation. Effectuée dans la plus pure tradition, tout est fait à l’ancienne, loin de tout appareil électronique. Seuls quelques vannes et appareils de mesure traditionnels permettent d’élaborer le futur breuvage, qui à sa sortie possède un taux d’alcool à environ 75° - 80°, voire un peu plus. Si après une première distillation, le liquide nécessite quelques ajustements, il est alors distillé dans une seconde colonne dite de correction.
Le distilla est ensuite mis en tonneaux, plus précisément dans des fûts de chêne. Vous serez surpris de découvrir le mode de stockage de ces fûts, pour le moins atypique : ceux-ci sont entreposés dans des conteneurs empilés les uns sur les autres, à l’extérieur du bâtiment. Ce stockage accélère l’extraction de l’alcool, permettant d’obtenir une qualité beaucoup plus fine bien plus rapidement. De ce fait, un rhum de 6 ans d’âge apparaîtra beaucoup plus évolué en bouche qu’un rhum équivalent d’une autre fabrication.
Si cette technique permet de gagner 2 ans ½ voire 3 ans sur la valeur norme, elle a en revanche un prix : la part des anges. Cette dernière, qui correspond à la part d’alcool qui est perdue chaque année, est plus importante et atteint près de 15 % par an.
Enfin, l’embouteillage et l’étiquetage sont réalisés à la main par les jeunes du quartier, ce qui permet de faire travailler plus de monde.
Une fabrication en autonomie complète
Une autre particularité de la distillerie Montebello, c’est son mode de fabrication qui emploie un circuit autonome à 100 %. Cette distillerie possède l’une des plus anciennes machines à vapeur de toutes les Caraïbes qui alimente tout l’atelier. La distillerie est de ce fait en autonomie énergétique complète.
La bagasse, c’est-à-dire la partie solide et sèche de la canne à sucre, sert d’énergie première. Elle alimente un four qui chauffe de grands bacs d’eau, produisant ainsi de la vapeur. Celle-ci est mise sous pression et dirigée à l’aide de tuyaux vers un piston qui actionne la grande roue de l’atelier de broyage, qui fonctionne ainsi depuis 153 ans !
Visite et boutique, suivez le guide !
Si vous venez à Petit-Bourg, prenez le temps de découvrir cet atelier unique en son genre. Même si vous n’êtes pas amateur de spiritueux, votre visite vous offrira une immersion totale dans un univers où les traditions sont bien ancrées.
Les produits disponibles en boutique
La boutique, ouverte du lundi au samedi, vous propose un large choix de rhums, mais pas seulement. Vous pouvez y découvrir :
- des rhums blancs ;
- des rhums vieux (entre 3 et 24 ans d’âge) ;
- le Zenga “combat de coqs” (blanc ou vieux) : rhum conçu à base de canne jaune uniquement et réduit lentement à seulement 60° ;
- des liqueurs : à base de rhum vieux agrémenté d’arômes maison, essentiellement destinées aux professionnels de la cocktailerie ;
- des punchs traditionnels : d’un autre fabricant traditionnel, ils sont réalisés avec un rhum Montbello. Découvrez le Shrubb, le punch de Noël.
- du sirop de batterie : fabriqué à Marie Galante, c’est la fameuse mélasse qui est employée pour l’élaboration de rhums industriels.
Vous aurez également le loisir de découvrir des rhums issus de séries limitées comme la Cuvée The Bolokos, dédiée à un groupe musical Punk Guadeloupéen qui a tourné le clip d’une chanson citant la marque dans la distillerie.
Conditions de visite de la distillerie
Pour visiter la distillerie, une seule condition ! Vous y rendre le matin entre 9 h et 12 h, du lundi au vendredi. Aucune réservation n’est requise et vous pouvez aussi bien vous y rendre en petit comité, qu’en groupe. Cerise sur le gâteau, la visite est gratuite ! Enfin, pour ne pas rester l’eau à la bouche, vous pourrez y déguster la gamme des Rhums Montebello.
Sortez et profitez de la vie !
Pour voir la vidéo exclusive sur la distillerie Montebello Cliquez ci-dessous :
Tags
Soyez le 1er à commenter