Le Fort Fleur d’Épée à Gosier

Par Thierry le Vendredi 13 janvier 2023 - 4920 vues

La Guadeloupe est une destination incontournable pour tous ceux qui rêvent de plages paradisiaques au sable fin et aux eaux turquoise, baignées de soleil, quelle que soit la saison. Mais hormis son attrait pour ses paysages idylliques, l’archipel porte encore les stigmates d’une histoire riche et tumultueuse, et pour cause !

Le passé colonial de la Guadeloupe a laissé de nombreux vestiges sur l’archipel, notamment des fortifications judicieusement implantées sur ses côtes. Leur but étaient de protéger l’île, durant les périodes de guerres franco-anglaises, des flottes étrangères qui convoitaient ses richesses. Les nombreux forts de Guadeloupe reflètent l’intensité des combats entre ces deux nations, dont tantôt l’une ou tantôt l’autre, avait main mise sur l’île. Parmi ces édifices, l’un d’eux protégeait Pointe-à-Pitre, la capitale économique de la Guadeloupe. Il s’agit du Fort Fleur d’Épée situé sur la commune du Gosier, sur le morne du quartier Bas-du-Fort.

Nous vous proposons aujourd’hui de partir à la découverte de ce site historique qui ne manquera pas de vous plonger dans cette ambiance défensive, tout en vous offrant un splendide panorama, mais pas que…

Fort Fleur d’Épée, mais d’où vient cette appellation ?

Vous en conviendrez, le nom de cette forteresse militaire laisse quelque peu rêveur, n’est-ce pas ? Si la majorité des constructions de ce types s'identifie à de célèbres personnages tels, le Fort Napoléon ou encore le Fort Louis Delgrès, celui du Gosier, a quant à lui été baptisé Fort Fleur d’Épée. Mas d’où peut bien venir cette dénomination ?

Aucun document ne fait état de ce choix. Cependant, l’histoire raconte qu’un valeureux soldat, surnommé Fleur d’Épée, aurait eu une case à l’emplacement même du Fort. Ce dernier aurait donc été dénommé Fort Fleur d’Épée pour cette raison… et pourquoi pas ! Si tel est le cas, et qu’il ne s’agit pas d’une simple légende, c’est un bel hommage qui aura été rendu à un soldat “inconnu”. D’autant qu’il s’agit d’un important édifice, tant par la taille que par sa fonction de fort royal.

La plus importante fortification de Grande Terre

Le Fort Fleur d’Épée a été construit entre 1750 et 1763. Sa structure, architecturée sur un plan polygonal de Vauban, s’étend sur 150 mètres de longueur et 45 mètres de largeur. Elle suit par ailleurs la forme du morne où il se situe, d’où sa conception oblongue.

Le Fort est accessible à son entrée principale par un pont-levis surplombant un grand fossé. On peut admirer les deux piliers massifs en pierre taillée qui l’encadre, ornés de pyramides, mais également trois canons pointés vers la rade menant à Pointe-à-Pitre.

Peu de bâtiments sont présents sur l’esplanade du Fort. On y retrouve l’ancienne caserne, devenue aujourd’hui une salle d’exposition. Seul le toit d’une poudrière est encore visible, ainsi qu’un four à pain en pierre, niché au fond d’une grotte qui servait de cuisine. On distingue également de toutes petites structures charpentées recouvrant des orifices au niveau du sol, mais nous découvrirons plus tard à quoi ces ouvertures correspondent.

Une certaine sérénité règne en ce lieu, qui s’avère très propice à la détente, d’autant que de nombreux flamboyants sont plantés le long d’une promenade qui longe les remparts. Ces arbres vous font profiter de leur ombrage, mais surtout de leur imposante floraison teintée de rouges audacieux lors de la saison estivale.

C’est pourquoi, lorsque vous arrivez sur l’esplanade, vous n’avez sans doute pas l’impression d’être dans une structure militaire. Et pourtant ! Le Fort est composé d’un réseau de galeries souterraines qui relie ses différentes parties, notamment le magasin à poudre d’un côté et le baraquement des officiers (l’ancienne caserne) situé de l’autre côté.

Empruntons l’un des deux escaliers et descendons au cœur de cette galerie souterraine. On y retrouve l’emplacement de deux citernes dans lesquelles l’eau de pluie était récupérée depuis les toits de la poudrière et de la caserne, puis stockée. Un robinet permettait ainsi aux soldats d’accéder à l’eau, plus particulièrement durant les périodes de siège.

On peut longer le couloir principal qui dessert plusieurs pièces. De bonne largeur, il permet d’accéder à une cellule et à d’autres chambres. Les parois de ce sous-terrain présentent par endroits de nombreuses inscriptions et graffitis. Si certains ont été tracés au charbon de bois, d’autres ont été gravés dans la pierre, probablement à l’aide de la pointe de couteaux. On peut y distinguer des écritures, mais aussi des dessins représentant des bateaux.

Vous comprenez mieux à présent pourquoi l’esplanade est pourvue d'ouvertures à même le sol. Ces dernières étaient destinées à apporter l’aération nécessaire aux soldats et aux prisonniers qui étaient dans les sous-terrains, leur servant dans le même temps de puits de lumière.

Enfin, à l’autre extrémité du couloir principal, on arrive au niveau du pont-levis où se trouvent également des casemates, ces abris où les soldats pouvaient se réfugier durant les combats.

Un site historique et archéologique classé et rénové

Au 18e siècle, le Fort Fleur d’Épée avait donc pour mission de protéger l’entrée de la rade de Pointe-à-Pitre des attaques anglaises. Sa construction a succédé à celle de Fort L’Union, aussi connu sous le nom de Fort Louis, qui lui veillait déjà sur le Petit Cul-de-sac Marin. Malheureusement, ce dernier présentait de nombreux angles morts du fait des escarpements du Morne Louis et s’avérait insuffisant pour protéger tous les mouillages, notamment celui de la Grande-Baie.

Si le Fort Fleur d’Épée a joué un rôle primordial durant les différentes périodes de colonisation, il a par ailleurs eu son importance au moment de l’abolition de l’esclavage. En 1794, la Guadeloupe était alors aux mains des Anglais et les combats faisaient rage entre les troupes françaises et anglaises. Quand Victor Hugues arriva sur l’île, en tant que représentant du gouvernement, il devait faire appliquer l’abolition de l’esclavage dans les colonies françaises, proclamée quelques mois plus tôt par la Convention nationale. Durant trois mois, près de 3000 esclaves, libérés et devenus soldats, ont combattu aux côtés des Français qui ont alors pu reprendre le contrôle sur l’archipel.

Par la suite, cette forteresse a été délaissée. Devenue une prison quelques années plus tard, cette transformation explique probablement pourquoi ce fort est aussi bien conservé. Durant les années 70, de nombreux monuments ont été rénovés afin de remettre en valeur le patrimoine guadeloupéen. Le Fort Fleur d’Épée est inscrit à l’inventaire complémentaire des monuments historiques depuis 1979.

Fort Fleur d’Épée : infos pratiques

Situé sur les hauteurs du Gosier, son accès est bien indiqué. Une route sinueuse, longeant de magnifiques propriétés, mène au bastion dont l’entrée est entièrement gratuite.

Arrivé sur place, profitez de sa vue imprenable sur la baie du Gosier et la Basse-Terre et visitez le site à votre rythme en suivant le parcours pédagogique.

Cette forteresse, qui est une étape du circuit patrimonial "La Route de l’Esclave - Traces-Mémoires en Guadeloupe" est aussi devenue un lieu d’art ; l’ancienne caserne des officiers est aujourd’hui un lieu d’exposition ou de conférence ponctuelles.

Mais pour finir cette visite en beauté, nous ne pouvons que vous conseiller de franchir une porte qui vous permet de rejoindre la plage située en contrebas. N’hésitez pas, car celle-ci vaut vraiment le détour.

En attendant, sortez et profitez de la vie !

Pour voir la vidéo exclusive sur le Fort Fleur d'Epée Cliquez ci-dessous :

 

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